BAGLIS TV – PATRICK CRISPINI

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La Musique des Sphères

Le mot « Cosmos » renvoie à une notion d’ordre et d’harmonie. L’homme, depuis ses premiers pas « debout » et surtout « conscient » (réduire ce statut au seul « Sapiens » serait inexact), s’interroge non seulement sur la place que lui-même occupe au sein de cet espace vertigineux, mais encore, et surtout, sur la possible existence de certaines lois, de certains principes, qui régiraient cet ordre. Derrière cette cohérence : se cacherait-il une intelligence ; naturelle ? Passant outre ses propres limitations sémantiques et conceptuelles, qu’il sait, par essence, anthropomorphiques, l’homme tente de répondre à cette interrogation en usant du terme de « Dieu », de « Grand Horloger », ou de « Grand Architecte ». Pythagore, quant-à-lui, a répondu : « Nombre ». Le chef d’orchestre Patrick Crispini nous présente ici ce lien subtil, qui unit les nombres aux vibrations du cosmos : la Musique des Sphères. Même le grand Léonard de Vinci se demandait « Est-ce que les cieux font son, ou non ? » Sixte, quinte, quarte, octaves, grave, aigu, par une subtile alchimie entre un axe horizontal (mélodie/ contre-point) et un axe vertical (l’accord), Patrick Crispini nous présente, dans ce premier volet introductif, les nombreux « outils » dont le compositeur dispose pour façonner son œuvre. Une œuvre qui puise son inspiration dans l’observation des mystères de la Nature, de ses éléments et que Patrick Crispini considère comme une allégorie du très-haut. Le romantisme, la métaphysique : au diapason du « quantique » ? Souhaitez-vous comprendre comment l’harmonie constitue « la clef magique de résolution de toute dissonance » ? Pourquoi et comment « l’univers est fréquencé » ? Un premier échange pour découvrir cette amplitude insoupçonnée des sons qui prend tous les traits d’une invitation nietzschéenne au dépassement de sa condition humaine…. Pour, peut-être, se rapprocher un peu plus des étoiles ? (Dialogue avec Eric Pigani)

Du chaos à l’harmonie I : Pythagore et la vibration originelle

« L’ordonnancement du Cosmos a-t-il une explication et, si oui, quelle serait la nature de cette clef de compréhension ? ». Vingt-six siècles avant nos théories contemporaines de big bang ou de multivers quantiques trouvait-on, en Grèce, des hommes cumulant les fonctions de médecins, philosophes et mathématiciens. Eux-aussi, s’interrogeaient sur l’origine de notre cosmologie. Au premier rang de ces hommes : Pythagore. « Tout est nombre donc proportion ». Une réponse simple, cinglante, draguant les profondeurs d’une métaphysique universelle, et créant un appel d’air vers des engendrements multiples. Cela tant sur un plan poético-magique que scientifique : ces deux voies ne s’excluent pas, mais forment au contraire deux versants d’une même montagne, nommés « pourquoi » et « comment », et se rejoignent à son sommet… « Harmonia en grec, c’est assembler des choses hétérogènes, dissonantes, et parvenir à créer une homogénéité, une cadence, entre elles…. » Ainsi, à travers le clapotis de l’eau décrit par Wagner, le bruit des marteaux des forgerons entendu par Pythagore ; Patrick Crispini nous invite ici à « comprendre de l’intérieur » (Inspecto) l’existence d’une organisation cachée du monde (cf. le Songe de Scipion de Cicéron) et d’où découlerait sa manifestation. C’est ce qu’il nomme la vibration originelle. Une véritable Symphonie Héroïque et Alchimique à travers la musique, la littérature, la poésie et l’architecture où les mathématiques, les nombres et « principes vibratoires » seront respectivement notre clef de Fa, notre métronome et notre La

Du chaos à l’harmonie II : des Arts libéraux aux figures sonores

Les philosophes de l’Antiquité étaient des hommes pleins de bon sens. La philosophie était pour eux, avant tout, un outil destiné à se perfectionner, mener une vie meilleure et comprendre les lois qui les entouraient. Cette approche, que l’on peut qualifier de pratique – et opérative – notamment au regard d’une philosophie moderne devenue éminemment conceptuelle et spéculative – leur faisait penser que puisque l’univers entier est proportionné, équilibré, il y a nécessairement une puissance, une intelligence derrière cet ordonnancement…. « Dès lors, comment peut-on croire un seul instant que tout cela ne serait que le fruit du hasard ? Un jouet posé dans le vide ? » nous-demande Patrick Crispini, avec une pointe d’ironie, valant comme « pic » adressé à tous les nihilistes modernes, que le refus de la métaphysique a éloigné de ces champs de compréhension. Héraclite affirmait « la nature aime à se voiler » et Pythagore se déclarait « ami des choses cachées de la nature… » Ainsi, depuis plus de deux mille cinq cents ans, existe-t-il deux voies, diamétralement opposées, d’approcher la Nature. La première, dite « prométhéenne » est mesurée, scientifique. C’est elle qui instille en l’homme l’ambition de soumettre cette nature, de la gouverner, quitte à négliger ses mystères et ignorer sa véritable Nature. La seconde, qualifiée d’« orphique » se situe sur un plan essentiellement intelligible, poétique et allégorique. Si elle parvient à lever une partie des voiles entourant ses mystères, et par-là même coopérer avec elle en bonne intelligence, elle doit en revanche abandonner toute velléité de pouvoir et de domination. La Nature dont nous parlons ici se nomme Amour et Harmonie : à l’instar du son d’une harpe, il se donne mais ne se prend point. De l’Intelligence (Trivium) à la Connaissance (Quadrivium) : les Arts libéraux mènent à cette compréhension du Tout. Pour Patrick Crispini, « l’harmonie résulte toujours d’un accord issu des contraires ». Une voie médiane, donc, basée sur l’observation, l’écoute, et qui unit le monde tangible à l’intelligible : Platon et Aristote marchant côte à côte. A partir de différentes recherches contemporaines (Lauterwasser, Chladini) ou plus anciennes (Raphaël et la fameuse fresque de l’École d’Athènes), il nous démontre ici, exemples à l’appui, comment sons et vibrations unissent mathématiques et philosophie. Une démarche qui rappelle celle de l’Art Total et qui, sur un plan plus concret, et via ces vibrations, parvient à unir non seulement notre intellect à notre corps physique, mais aussi à le relier à des sphères plus subtiles : « faire entrer, dans notre compréhension très restreinte, une cosmologie très vaste …. »

Textes de présentation extraits des pages consacrées aux cours de Patrick Crispini
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