JEAN DESAILLY – SIMONE VALÈRE

JEAN DESAILLY, Paris, 24 août 1920 – Paris, 11 juin 2008
SIMONE VALÈRE, Paris, 2 août 1923 – Roinville, 11 novembre 2010
comédiens, couple célèbre du théâtre et du cinéma français,
directeurs de la Compagnie Desailly-Valère et du Théâtre de la Madeleine à Paris.

Simone Valère, Jean Desailly et Patrick Crispini lors du spectacle
LE ROI DAVID d’Arthur Honegger et René Morax donné les 26 & 27 mai 1986 à Genève
PC Portrait CO
PC Portrait CO
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Jean Desailly, Simone Valère et Patrick Crispini
sur la colline à Farinet à Saillon (Valais) le 30 juin 2000

PC Portrait CO

Jean Desailly, Simone Valère et Patrick Crispini
lors du spectacle Le Rêve d’Icare le 30 juin 2000

Jean Desailly & Simone Valère : dès l’instant où nous nous rencontrâmes – c’était en 1981 – ce fut pour la vie ! Quelque chose d’inexplicable s’était passé, une sorte d’alchimie amicale et fraternelle qui ne trouve pas à s’expliquer par des mots. Une osmose, une parenté de pensées, une parenté tout court. A mon arrivée à Paris, je ne connaissais personne ou presque. Jean me dit : « Veux-tu être le directeur musical de notre Compagnie ? On n’a pas une vraie saison musicale, mais nos spectacles nécessitent toujours un climat musical, voire une partition originale… Veux-tu t’en occuper ? » Et c’est ainsi que je fus pendant plus de vingt ans un fidèle du Théâtre de la Madeleine – le théâtre de Guitry – où nous vécûmes tant de choses ensemble.

Chacune de nos collaborations furent autant de moments d’amitié, de tendresse, de rires, de pleurs, et de grands baroufs avec les chiens successifs de Jean & Simone, le cher Léonard, qui suivait la pièce du moment depuis les coulisses, ou son successeur complètement foldingue qui, un jour, emporta dans un mouvement incontrôlé l’intégralité de la table des desserts dans notre « cantine » de la Frégate, où nous avions nos habitudes…

De temps en temps, Marie-Hélène Dasté, l’éternelle rêveuse éveillée des Copiaus venait nous rejoindre et nous refaisions le monde en rêvant d’une troupe idéale imaginaire. Et puis il y avait l’incroyable Vicky Messica, directeur des Déchargeurs, véritable réincarnation du poète maudit, qui joua notre spectacle Dis-moi Blaise consacré à Cendrars, qui disait comme personne la Prose du Transsibérien ou les Pâques à New-York… entre deux virées nocturnes dans les salles de jeu opaques de Paris où il « se refaisait » au poker …

Ou encore le royal bougon Georges Wilson qui, entre deux moues dubitatives, échafaudait ses prochaines mises en scène à la Madeleine. Et puis, de plus en plus loin de nous, abandonnés par leur propre Théâtre du Rond-Point, il y avait leur « petits patrons » Jean-Louis (Barrault) et Madeleine (Renaud) qu’on allait parfois rejoindre chez eux dans leur appartement du Président-Wilson, devenu paquebot d’un monde perdu.

Dans le monde du spectacle, tout le monde les appelait familièrement « Simone et Jean ». Leurs deux prénoms ne faisant plus qu’un. Ils attendirent quarante ans pour devenir mari et femme au regard de l’état civil, s’étant rencontrés en 1942, alors qu’ils tournaient le Voyageur de la Toussaint de Louis Daquin d’après Simenon.

A l’époque, Jean avait 22 ans. Il était déjà une grande vedette du cinéma et marié. Un premier prix de comédie, décroché dès sa première année de Conservatoire (fait rarissime), l’avait propulsé à la Comédie-Française. Simone n’était pas en reste. Elle s’imposait, à 19 ans, en jouant au côté de François Périer Une jeune fille savait. En 1946, les Renaud-Barrault fondent leur compagnie et s’installent au Marigny.

Jean est le premier comédien appelé à les rejoindre. Il avance timidement le nom de Simone. Accepté ! Cette fois, c’est le grand départ pour vingt-deux ans de succès partagés avec Madeleine et Jean-Louis. Le bonheur ! Mais il faudra attendre 1950 et une tournée au Brésil pour qu’ils se découvrent amoureux. De ce jour, rien ne pourra les séparer. En 1970, Simone et Jean, fidèles à l’amitié et à l’enseignement de leurs grands aînés, fondent leur propre compagnie. Ils vont diriger, tour à tour, trois théâtres et monter cinquante pièces. Ils tournent aussi. Beaucoup.

Une quarantaine de films chacun, dont… On ne badine pas avec l’amour, que Jean Desailly réalisera lui-même. Quel magnifique destin jalonné de rencontres, d’amitiés, d’épreuves et de triomphes ! Le tout assumé en parfaite communion de cœur et d’esprit. Jean nous a quittés le 11 juin 2008, Simone l’a rejoint deux ans plus tard, le 11 novembre 2010. Ils me manquent terriblement…

© Patrick Crispini, extrait de Instants d’années

voir : Moments rares sur la colline à Farinet
Jean Desailly, Simone Valère et Patrick Crispini
le 29 juin 2000 à Saillon (Valais-Suisse)
(©Transartis 2001-2019 – tous droits réservés)

écouter : LETTRONOME AVEC JEAN DESAILLY & SIMONE VALÈRE
Entretien en forme d’abécédaire des deux comédiens.
Une émission produite et réalisée par Patrick Crispini.
(©Transartis 2001-2019 – tous droits réservés)

voir : CONVERSATION AVEC JEAN DESAILLY & SIMONE VALÈRE
en compagnie de Patrick Crispini réalisée au Théâtre de la Madeleine à Paris le 21/12/2001
(©Transartis 2001-2019 – tous droits réservés)