Blog-notes

Accumule, puis distribue. Sois la partie du miroir de l’univers
la plus dense, la plus utile et la moins apparente.
(Feuillets d’Hypnos, René Char)

Fratelli d’Italia

à propos de l’Hymne italien

par Patrick Crispini

Une contribution de Patrick Crispini dans le journal © 20 minutes du 2 juillet 2016,
à propos de l’hymne italien Fratelli d’Italia à l’occasion de l’EURO 2016 (extrait) :
lire l’intégralité de l’article

Pourquoi cet hymne nous transporte…

[…] « C’est un texte écrit par un partisan exalté de 20 ans, rappelle le chef d’orchestre Patrick Crispini, de nationalité suisse, française et italienne. Il s’agit d’une sorte de marche rapide pour aller au front de manière exaltante. Le texte n’a pas du tout été pensé comme un hymne national. » On est plus près de La Marseillaise (le Chant de guerre pour l’armée du Rhin) que du majestueux God Save the Queen. « C’est trépidant. Parfois, le public chante et il est complètement largué sur le couplet ! », ajoute Crispini, qui s’avoue fan de l’œuvre. « Je voyage beaucoup, et on me demande souvent de jouer l’hymne national du pays. Je prends beaucoup plus de plaisir avec Fratelli d’Italia qu’avec d’autres. Il exalte un sentiment patriotique, mais pas figé dans quelque chose de lourd. Vu l’époque dans laquelle on vit, c’est un hymne qui fait du bien, avec un côté festif, léger. »

voir : Patrick Crispini dirige le chœur & l’orchestre Montemezzi à Verone (Cerea)
extrait de l’émission Note d’Azzuro du 29 mai 2010 © TV-Verona

Une ferveur plutôt récente

« Cet hymne ne renvoie pas à un clivage ethnique, il est universel, souligne le Calabrais Rocco Femia. Avant les matchs, il se termine à la fin du refrain avec un Si ! (oui !) chanté avec beaucoup de passion et de conviction. » Selon Philippe Foro, ce n’était pas forcément le cas avant la fin des années 1980 et l’émergence sur la scène politique de la Ligue du Nord, grande amatrice du Va, pensiero de Verdi. « Ce parti remettait en cause l’unité nationale en prônant l’indépendance d’une partie de l’Italie du nord, la plaine du Pô, explique l’historien. Il y a alors eu une réaction patriotique, et l’hymne est vraiment devenu le symbole de l’attachement à la nation. Auparavant, dans les années 70 ou 80, les joueurs l’écoutaient respectueusement, mais ne le chantaient guère. »

Aujourd’hui, Fratelli d’Italia suscite la ferveur chez tous les Italiens, ou presque, si l’on en croit Patrick Crispini. « Dans les milieux militaires, beaucoup ont toujours été demandeurs d’un nouvel hymne, rapporte le chef d’orchestre. Celui-ci, très rapide, a tendance à rendre un peu ridicule la marche militaire ! » Avant un match de foot (ou de rugby) en revanche, il est parfait.

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