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Patrick Crispini est un habitué des rencontres de la Véranda et un fidèle de Vercorin… depuis plus de 60 ans !

Patrick Crispini à la Véranda le 16 juillet 2022 en compagnie du comédien
Jean-Luc Bideau et son épouse Marcela Salivarova-Bideau

Frédéric Sauser, dit Blaise Cendrars (1887-1961), a arpenté le monde avec ses semelles de baroudeur et de poète halluciné. Citoyen suisse, né à la Chaux-de-Fonds – comme Le Corbusier, Louis Chevrolet ou le clown Grock – il prend dès qu’il le peut le premier train venu pour fuir le milieu familial où il s’ennuie et s’évade vers l’imaginaire, vers la Russie, vers l’Asie, se laissant ensemencer par les expériences, les rencontres, les blessures, faisant peu à peu sienne cette formule : « Je ne trempe pas ma plume dans un encrier mais dans la vie ». À New York, en une nuit d’errance et de désespoir, il s’invente un nom de plume à partir des cendres de son passé, et livre son premier chef-d’œuvre : les « Pâques à New-York ». Longtemps sans toit ni loi, ce bourlingueur autodidacte réfugie sa carcasse dans les bibliothèques où il passe, s’y réchauffe entre deux aventures, dévore et mémorise tout ce qui lui paraît essentiel de l’histoire des hommes, devenant lui-même une bibliothèque vivante. Il brouille les pistes pour mieux cacher son savoir auprès des cercles intellectuels qu’il fuit comme la peste.

De Montmartre à Montparnasse, il côtoie Apollinaire, Modigliani, Chagall, Fernand Léger, les Delaunay et tout ce qui va compter dans l’art du XXe siècle. La guerre déclarée, il s’engage sans hésiter dans la Légion étrangère, vit dans sa chair les horreurs du conflit, perd sa main droite disloquée par un obus. Revenu à la vie, tel le phénix, il réapprend à écrire de la main gauche, à taper à la machine d’une seule main. Il devient alchimiste des surréalistes, figurant puis assistant d’Abel Gance pour le cinéma, éditeur à succès, cinéaste, artiste ruiné.

Alors il reprend la route, tente le négoce de café au Brésil et impose son bouquin le plus connu, « l’Or », à partir de l’épopée d’un autre aventurier, Johann August Sutter, comme lui d’origine suisse. Désormais célèbre, renfloué puis de nouveau à sec, il devient reporter sur le Normandie et dans l’eldorado de Hollywood. Il aura encore mille vies, chercheur d’un or perdu, à l’origine du monde, inventant des histoires plus vraies que nature, dans un style incomparable. Mais, encore et toujours, il reste libre, sans attaches : « Quand tu aimes il faut partir » écrit-il. Avec lui, tout est vrai, tout est faux. Au crépuscule de son existence, une paralysie lui fait perdre sa main valide, mais il s’obstine à la rééducation pour dominer son destin. Les honneurs l’ont rejoint, mais il s’est déjà échappé pour son dernier voyage vers « le Lotissement du ciel ». Vibrer au diapason de Blaise Cendrars : voilà le parcours que propose Patrick Crispini, à travers tous les arts et la poésie que ce créateur hors norme a su magnifier.

Avec Le Nozze di Figaro (1785) et Cosi fan tutte (1789), Don Giovanni est le second livret concocté par Lorenzo da Ponte [1749-1838] pour Mozart. En septembre 1787, le librettiste vénitien se trouve à Prague auprès du compositeur pour mettre la dernière main au nouvel opéra. Mais il est rappelé à Vienne par Salieri. Mozart, profitant de son l’absence, fait appel à Giacomo Casanova, qui se trouve aussi à Prague, pour retravailler le livret de diverses scènes. Deux feuillets de vers laissés par Casanova et récemment retrouvés attestent du rôle que celui-ci a pu jouer dans cette histoire. Tout se fait dans l’urgence : on sait que la sublime ouverture sera composée à la dernière minute à la villa Bertramka par un Mozart épuisé dans la fièvre de la nuit précédant la première. Les voilà réunis au Théâtre des États de Prague lors de la création de l’œuvre le lundi 29 octobre 1787. À vrai dire, le trio se connaît bien : tous trois exilés depuis longtemps, tous trois francs-maçons, ils se sont rencontrés dans les loges. Par-dessus tout, ils aiment passionnément le jeu dans tous les sens du terme (c’est Casanova qui importa en France le principe de la Loterie royale sur le modèle des casins de Venise). Bien qu’issus de l’Ancien Régime, Don Juan est à leurs yeux l’occasion de prôner certaines valeurs de liberté et d’indépendance auxquelles ils ont adhéré. Mais les choses n’en resteront pas là. À la fin du XIXe siècle va entrer en scène Pauline Viardot, une des plus grandes artistes de son temps, sœur de La Malibran, diva célébrée dans le monde entier, compositrice, pianiste, salonnière du Tout-Paris, amie de Tourgueniev ou de Gabriel Fauré, qui va tout entreprendre pour sauver in extremis le manuscrit de l’ouverture de Don Giovanni, lorsqu’elle apprend qu’il risque d’être dispersé. Nouveau rebondissement dans cette incroyable histoire : Patrick Crispini, reprenant l’affaire Don Giovanni, en retrace les aspects fascinants et souvent méconnus