DE DON JUAN À CASANOVA

 Spectacle présenté en collaboration avec transArtis Productions.
Dossier détaillé, castings d’artistes proposés et budget disponibles sur demande.
voir aussi : CASANOVA, le libertin des Lumières Mozart, Da Ponte, Casanova, Pauline Viardot : l’affaire Don Giovanni
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Conception, livret, musique originale, mise en scène :
Patrick CRISPINI

version récital de ce spectacle
créé à Besançon le 4 octobre 2017

ACTEURS, DANSEURS ET MIMES
Solistes de EUROPEAN CONCERTS ORCHESTRA
Direction musicale : PATRICK CRISPINI

Il existe trois versions de ce programme :
– 2 récitants, ensemble instrumental (de 2 à 12 musiciens) ;
– 2 récitants; orchestre symphonique (32 à 50 musiciens) ;
– 1 récitant accompagné par un fond musical sur bande sonore.

Durée : environ 1 h 50.

Don Juan, Casanova : deux personnages aux destinées qui semblent convergentes, mais en vérité bien opposées. L’un devenu, au côté de Don Quichotte, Faust ou Cyrano de Bergerac, un de nos grands mythes littéraires, né sous la plume de Tirso de Molina dans son « Trompeur de Séville » dont rien ne démontre qu’il eût jamais été inspiré par un être de chair ; l’autre bien réel, bon vivant, libertin cultivé, adepte du plaisir et des plaisirs, inventeur de la loterie et du profit par les jeux, qui n’en fut pas moins philosophe et philanthrope, achevant une existence itinérante dans un oubli et une solitude absolus. Vie remplie de paradoxes, de fantasmagories, d’hyperboles sensuelles.
Quelque chose d’essentiel, pourtant les rassemble : la fuite permanente d’eux-mêmes et de la mort. Mais Don Giovanni la pratique dans la transgression ; piétinant toutes les valeurs de ce XVIIIe siècle finissant : meurtre du père, viol de la fille, refus de l’ordre social, dénis de l’existence de Dieu. Don Giovanni provoque la damnation éternelle, à l’image peut-être du monde de l’Ancien Régime précipité dans les affres de la Révolution. Il vit dans l’instant, le provoque en duel, court à sa perte et sait qu’il n’a pas d’avenir.

 

Rien de tel avec le vénitien. Avec lui, rien n’est simple : les cartes du jeu se redistribuent sans cesse. On invoque l’aventurier, mais c’est l’alchimiste qui apparaît. On rougit des exploits romanesques du fornicateur, mais c’est le séducteur raffiné qui reprend la main. Violoniste, joueur professionnel, escroc, financier, bibliothécaire, libre-penseur, occultiste, ce diable d’homme ne cesse de nous surprendre !
Le catalogue de ses exploits amoureux – qu’un style brillant dans ses « Mémoires » ne cessera d’embellir et de célébrer – nous tend un miroir précieux sur les mœurs d’une société aristocratique enivrée par le progrès des sciences et des commodités, dans un XVIIIe siècle où les Lumières annoncent déjà les terreurs de la Révolution à venir. Pour survivre, il se sert des failles de l’ordre social de son époque ou de la crédulité de ses figures. Des années durant, il se jouera de madame d’Urfé pour lui soutirer d’importantes sommes d’argent restera l’un de ses hauts faits en la matière.

Mais, contrairement à Don Juan, l’origine de son extraction sociale parmi les saltimbanques de la Sérénissime ne l’autorisera pas à survoler ou mépriser les travers de son temps à la manière d’un seigneur qu’il ne sera jamais : et lorsqu’il finira par s’accorder le titre de Chevalier de Seingalt – un de ses nombreux pseudonymes – il n’en fera usage que pour mieux briller dans cette société dont il se nourrit… et qu’il vole, par crainte de l’ennui. « Il est fier parce qu’il n’est rien » dira de lui le Prince de Ligne dans ses mémoires publiés en 1828. Chroniqueur tardif et éblouissant de ce siècle, dont il se gaussera des lâchetés et des futilités, Casanova est condamné à composer avec. Leur goût des femmes les rapprocherait-il, qu’ils divergeraient encore sur la finalité de l’amour et des jeux d’amour. Casanava séduit, est séduit et succombe au charme. Avec ses partenaires, de hautes ou de basses essences, il ne cesse de les instruire, de leur apprendre les moyens de dominer leur condition, de devenir des femmes maîtresses de leur destin, de savoir bien jouir, des attraits de la chair mais aussi des bienfaits de la bonne chère. Le plus souvent, c’est lui qui est abandonné par ses conquêtes, il souffre par amour (voir ses malheurs avec la Charpillon), il languit d’amour.

Don Giovanni, lui, ne peut mourir d’amour, pas même de manque d’amour, pour la bonne raison qu’il ne saurait tomber amoureux. Ses conquêtes s’additionnent, mais ne construisent aucun monde affectif, sentimental. Posséder une femme, pour lui, c’est triompher des faiblesses humaines, régner jusqu’à défier, par tant de petites morts, la mort elle-même, l’au-delà. À travers l’amour, Don Juan défie Dieu et le pouvoir dans un jeu mortifère. Casanova les célèbre dans un hymne à la vie.

Écrite à partir de textes puisés dans l’œuvre de Casanava et dans les nombreuses pièces de théâtre, essais et opuscules consacrés à Don Juan, cette sérénade-variations à plusieurs personnages célèbre, à travers Eros et Thanatos, l’inépuisable quête sensuelle et philosophique où se nouent et se dénouent les enjeux fondamentaux du bonheur d’aimer…